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Journée d’études du projet CYFU
« LE CYCLE DES FUTURS NUCLÉAIRES »

Argumentaire de la journée

En 2022 a été annoncé un plan de construction de réacteurs nucléaires comme la France n’en avait pas connu depuis 40 ans. Cette relance, qui fait suite à des décennies difficiles, s’appuie sur un ensemble de récits structurants qui font (ré)apparaître le nucléaire comme une solution d’avenir. Ceux-ci mobilisent à la fois la thématique de la « transition énergétique », des justifications plus anciennes d’un nucléaire garant d’autonomie énergétique et économique et des arguments de maîtrise des coûts, des risques, des déchets. Dans les discours des ingénieurs et des décideurs, les visions du futur héritées du passé continuent à façonner l’avenir de l’énergie.

Cependant, ces récits structurants rencontrent un contexte inédit : l’existence d’une infrastructure nucléaire âgée de plusieurs décennies, posant la question du vieillissement des centrales nucléaires existantes ou des incertitudes du démantèlement à venir. Comment la situation présente affecte-t-elle les visions du futur ? Comment les matérialités s’invitent-elles dans le dossier nucléaire et dans son analyse ? comment la profondeur historique éclaire-t-elles les promesses passées et présentes ?

A travers la présentation d’un ensemble de thèses récentes sur le nucléaire, cette journée vise à appréhender et à mettre en contexte ces recompositions de l’industrie nucléaire en France et les récits qui l’accompagnent. Ces travaux partagent trois caractéristiques. (i) Ils se penchent sur les promesses que l’industrie nucléaire a produites, depuis sa naissance dans l’après-guerre jusqu’à nos jours, touchant la maîtrise des accidents majeurs, les potentialités énergétiques du matériau, la technologie surgénératrice incarnée par les réacteurs à neutrons rapides, et le futur de l’industrie elle-même. (ii) Ces enquêtes en sciences humaines font le choix d’entrer dans le détail de la technique nucléaire, jugeant non seulement que la compréhension de l’industrie ne peut faire l’économie de ces enjeux, mais qu’une grande partie des récits portés par les acteurs du nucléaire évacue la matérialité souvent problématique de l’infrastructure. (iii) Ils s’appuient sur une restitution des visions de l’industrie nucléaires depuis l’intérieur ; cela suppose de rendre compte de la diversité des visions produites par les acteurs du nucléaire, et rend possible des analyses critiques qui sont ancrées dans une réalité composite.

Ces quatre présentations émanent d’un collectif de jeunes chercheur·e·s constitué en 2018. Celui-ci prit d’abord la forme d’un atelier entre quatre doctorant·e·s travaillant sur des objets proches et se réunissant tous les trimestres pour se relire les un·e·s les autres. Au-delà du thème général, cette journée est donc aussi la restitution d’un collectif de travail dont la forme mérite d’être mise en partage, particulièrement auprès des jeunes chercheur·e·s.

Les recherches au cœur de cette journée, menées sur des objets nucléaires, ouvrent sur des conclusions et nouvelles questions portant au-delà de ce seul secteur. Alors que la question de la transition énergétique est mobilisée comme une forme d’évidence, ces travaux permettent de revenir sur la manière dont sont construits et maintenus les futurs énergétiques, entre inerties, tensions, contraintes et négociations. Une deuxième forme de ligne de fuite concerne la prise en compte des matérialités dans l'étude du nucléaire par les SHS, qui ouvre sur des travaux plus vastes sur les infrastructures énergétiques et les flux. Ces travaux questionnent aussi la formation des collectifs d'ingénieurs, de leurs visions des futurs et leurs "grammaires" puissantes lorsqu’il s’agit d’interpréter le passé et le futur des techniques.

Modalités de la journée

Cette journée d'étude aura lieu le 22 janvier 2024, à la Villa Lemons entre Gare de Lyon et Nation.
L'inscription sur ce site est gratuite mais obligatoire, afin de prévoir le déjeuner au plus juste.

Equipe projet organisant la journée

Martin Denoun (Spiral, Université de Liège) 

Maël Goumri (Université Paris Dauphine / LAMSADE / Cermes 3) 

Claire Le Renard (LATTS, Ecole des Ponts ParisTech)                

Ange Pottin (Université de Vienne)                

Contact

La capacité de la salle a été atteinte, cependant l'équipe d'organisation prévoit une liste d'attente pour les personnes se faisant connaitre à l'adresse

cyfu [at] sciencesconf.org

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